Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jours. Les cuisinières racontent leurs exploits. Les bouchers mirent la viande aux enchères. La hausse fut énorme. On s’arrachait, on se volait les morceaux. Dès dix heures du matin, il ne restait rien, nulle part. On signale des troubles véritables.

Il va de soi que les restrictions, ainsi tournées, sont allègrement supportées. On affiche un entrain que l’on juge héroïque. Dans une de ces revues de music-hall dont mon mari raffole, une divette se taille un succès en proclamant, sur l’air de « Au temps des Cerises », que nous regretterons le temps des crises. Oui, la paix et l’abondance revenues, on regrettera les glorieuses privations de la guerre. Et la salle éclate d’enthousiasme. Chacun se sent magnanime, le derrière dans son fauteuil.

22 mai 1917.

L’ingénieur Griset, qui revient des États-Unis, raconte qu’il a rencontré partout l’accueil le plus enthousiaste. Il suffit d’être Français pour être reçu à bras ouverts, porte ouverte, caisse ouverte. L’argent s’offre à torrent.