Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/146

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soixante ans, patiemment, dans chaque pays, elle se groupe, s’agglomère, en sociétés, comptoirs, ententes, comités, trusts et cartels.

« Puis, partout, elle a lié partie avec la finance. Elles s’épaulent. Derrière chacun de ces vastes groupements, on découvre une banque. Le métallurgiste et le financier se sont étroitement unis sur le dos du travail, bonne bête de somme. Le fer et l’or ont fusionné, ils ont réalisé mieux qu’une alliance : un alliage, irréductible.

« Enfin — et voilà le véritable secret de sa puissance — dans chaque pays encore, la féodalité du métal domine la grande presse. D’abord, elle a ses organes avérés, dont elle est souvent l’unique actionnaire. Mais les autres journaux ne lui échappent pas. Leurs patrons, intéressés comme elle au maintien de l’ordre établi, inquiets des mêmes périls, avides des mêmes butins, inclineraient spontanément à la servir, ne fût-ce que par esprit de caste et solidarité d’appétits. Mais une loi plus inflexible les y contraint : actuellement, les grands journaux ne peuvent pas vivre sans publicité. Ce sont des murs où l’on achète le droit d’afficher. S’ils ne sont pas à vendre, ils sont à louer. Et la finance industrielle, principale locataire, abondante en largesses, est là comme chez elle.