Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/150

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d’écarter l’étranger et de pouvoir vendre chez soi, tout à loisir, au plus haut prix. Puis, renonçant soi-même à franchir ces murailles de Chine où s’enferment les vieilles nations, on regarde au loin, vers les pays neufs, vers les terres vierges, afin d’y lancer du rail et du câble électrique, d’y placer des machines et des canons. On civilise, on colonise. Mais déjà les rivaux sont là, à pied d’œuvre. Alors, on se montre les crocs, on s’arrache avec acharnement chaque concession. Et, à la fin, on s’irrite de rencontrer sur tous les marchés du monde des concurrents dont on n’aurait raison qu’en rognant son propre gain… Il faut pourtant sortir d’une situation intolérable, surtout qu’on est talonné par cette incessante, cette double nécessité de produire, de toujours produire, et de vendre.

« C’est alors qu’on décide d’agiter l’opinion, afin d’agir sur les gouvernants. On les contraindra de servir et d’épouser sa cause : ses griefs, ses querelles, ses rancunes, ses malaises, ses besoins. D’un même coup de clairon, fier et grave, on va les jeter à la surenchère si profitable des armements et des effectifs et, en même temps, faire d’eux des alliés nécessaires et précieux dans la guerre de tarifs. Encore une fois, c’est facile, grâce à la presse. Surtout