Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que la deuxième à partir et l’on nous promettait la fin de la guerre à l’automne : aujourd’hui, elle est la première à partir et la paix est indéfiniment reculée…

La paix… Tant d’efforts se conjurent pour la repousser ! J’ai su des tentatives en sa faveur. Dès la fin de 1914, un ministre de Luxembourg offrit son entremise au représentant de la France en Suisse. L’été dernier, une lettre signée d’un grand nom allemand, qui promettait une paix « étincelante » à la nation qui la proposerait, fut connue de hauts personnages. Et le pape souhaite de devenir le médiateur. Mais toutes ces velléités sont frappées de suspicion, étouffées, ensevelies. Le pays les ignore.

Oh ! Non, la fin n’est pas prochaine. Autour de moi, les gens considèrent la paix — et c’est une stupeur pour moi — comme une calamité, le plus grand des maux. (Il est vrai que ceux qui pensent autrement sont ligottés, bâillonnés. S’ils écrivent, la censure les échoppe. S’ils parlent, l’opinion les soupçonne. Ils ont touché de l’or allemand). Et les mêmes formules triomphent toujours : « La paix, c’est la guerre dans trois ans. » Ou bien on vous jette : « Mais la France est envahie ! » sans songer que la paix entraînerait sans doute la libération. Ou encore :