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LES « HAUTS FOURNEAUX »

par une ambition sourde à toute prudence, il y est apparu, bon gré, mal gré, comme le champion d’une politique ombrageuse, sèche et cassante. L’attitude peut plaire et se défendre. Mais ceux qui, au delà des frontières, souhaitent vraiment la tuerie, ne vont-ils pas feindre d’être inquiets, de se croire menacés ? Ne vont-ils pas se servir de lui comme d’un épouvantail, afin d’effarer les masses avant de les jeter au carnage ? Je ne sais pas si Poincaré veut la guerre. Mais il peut l’attirer.

Mais voilà que je m’affole à mon tour. S’il existait un parti d’Allemands, capable à lui seul de déchaîner la guerre, n’aurait-il pas, depuis dix ans, saisi des occasions de conflit plus directes, où les deux races se heurtaient de front, où les intérêts s’opposaient, où les susceptibilités se froissaient ? Aurait-il attendu cette lointaine querelle serbe, qui ne touche personne, ni chez eux ni chez nous ? Non, non. Encore une fois, c’est impossible.

Ganville, 31 juillet 1914.

Jaurès assassiné !… C’est tellement monstrueux que cela ne m’entre pas dans l’esprit.