Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/183

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il évoque l’ennemi héréditaire, les chères provinces irredenta, le roi qui plane en avion sur la bataille. Il dit, s’élance, se retourne. Il est seul. Dans la tranchée, derrière le parapet, les hommes battent des mains : « Brava ! Brava ! »

15 février 1916.

Je me suis appliquée à lire un ouvrage pénétré de la pure doctrine nationaliste. On y voit un papa très bon et très tendre pour son petit garçon de quatre ans. Il l’adore, il le choie. Toujours en alerte, attentif au moindre courant d’air, il tremble que le cher petit n’ait froid en voiture. Même, il choisit pour son fils les climats les plus favorables, l’emmène en séjour au bord du Léman, du Lac Majeur. Et il lui explique, à son beau petit garçon, pourquoi il lui a donné la force et la santé : « Ne faudra-t-il pas que tu fasses la guerre contre les Prussiens » ? Et il insiste, et il précise : « Ta raison de vivre, c’est la Revanche. »

Oui, je sais. Une sombre religion exige que les enfants soient destinés et sacrifiés à ses dieux. Je me rappelle, au début de la guerre, cette