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chaque fois ce mot d’un parlementaire : « La France est sous la morphine ».

8 avril 1916.

René poursuit son projet. Tout ce que j’ai pu obtenir, c’est que la maladie qui faillit l’emporter soit connue de ceux qui l’examineront à la révision. J’ai demandé des certificats aux deux grands spécialistes que j’avais appelés à Ganville. Tous deux sont mobilisés dans de hauts emplois, à Paris. Leur témoignage peut entraîner un ajournement.

Ah ! Combien de mamans ont dû solliciter ainsi ceux qui tiennent dans leurs mains le sort de leur fils… Pénibles tête-à-tête, où règne, plus puissant que jamais, le respect humain.

La mère, elle, arrive pantelante, traquée. Elle sait que tout se conjure pour lui prendre son enfant : la loi, l’opinion, l’exemple des autres, la religion de la patrie. Mais elle ne peut pas être vraie. Même si son instinct maternel se révolte contre ces grands sentiments d’abnégation et de sacrifice qu’on impose à tous les cœurs, elle est obligée de les respecter et de les