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quelques kilomètres des lignes russes où il comptait atterrir. Il a lancé sur Berlin un manifeste dont la censure avait interdit jusqu’à ce jour la publication. Le trouvait-elle trop généreux ? Il tranche en effet sur le ton de nos journaux. Il ne craint pas d’appeler la guerre « un carnage ». Et il proclame que la paix viendra « le jour où le peuple allemand pourra disposer de lui-même, où l’on aura écarté pour toujours le retour de cette tuerie. »

28 juillet 1916.

Un journal illustré publie ce dessin. Devant un jeune homme chétif, assis sur un banc de square, passent trois mutilés, radieux. Il leur manque un bras, une jambe, un œil. Titre : l’Envie. Les ajournés, les réformés, envient-ils vraiment les mutilés ? En tout cas, tel est le sentiment qu’ils doivent afficher. Les illustrés même le leur signifient.

D’ailleurs, l’héroïsation se maintient. Madeleine Delaplane m’a répété d’une voix pénétrée ce mot d’une petite fille dont le père vient d’être tué et dont l’oncle est à l’arrière : « Oh ! Maman,