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Ils attestent, sans vergogne : « Près de 6 p. 100 ! Songez donc qu’en temps normal, ce serait un taux usuraire ! »

La semaine dernière, les notaires mobilisés ont été envoyés en permission, afin de travailler les campagnes. Aidés par des ligues locales, ils se font indiquer quiconque possède de l’or, des titres, des fonds.

On dit aussi que la reprise de Douaumont, près de Verdun, vient juste à point pour stimuler les souscriptions. Bien qu’on répugne à penser qu’une offensive puisse être « politique », il faut bien reconnaître que ce fait d’armes était escompté à cette date. Car on prédisait, depuis quelques semaines, « des événements merveilleux » du côté de Verdun.

Les journaux publient aussi des dessins de caricaturistes notoires. Deux gosses causent : « Si ton père, qui n’est pas soldat, ne verse pas son argent, tu verras quand le mien reviendra de la guerre ! » Un villageois dit à sa femme, qui écrit à leur fils : « Embrasse le gars et dis-lui que j’avons souscrit ». Ces deux légendes ne me paraissent pas très « vécues ». Car on assure que les permissionnaires engagent leur famille à ne pas souscrire, afin d’abréger la guerre.