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17 mai 1915.

Une offensive a commencé le 8 en Artois. Nous connaissons par les journaux suisses l’ordre du jour annonçant aux armées une opération « qui doit déblayer la France en attendant mieux ». La nouvelle des premiers succès, le chiffre impressionnant des prisonniers, ont paru d’abord justifier cette confiance. La foule a entrevu la fin, la paix. Moi-même, soulevée par l’espoir de la délivrance, je voulais oublier l’horreur des descriptions qu’on nous rapportait de là-bas, la fournaise monstrueuse, les jets de pétrole enflammé, l’ouragan de fer deux fois plus violent qu’à la Marne.

Mais, depuis deux jours, on s’en prend aux Anglais : Ils sont partis en retard ; leur artillerie n’était pas prête. Eux-mêmes accusent l’État-major français de ne les avoir pas attendus. Ces mutuels griefs sont le signe évident d’un déboire.

Et le communiqué de ce matin confirme ces craintes. Car on commence à savoir le traduire, depuis dix mois ! La phrase, d’apparence satisfaite : « Au nord d’Arras, nous consolidons notre