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31 mai 1915.

Un canon monstre, tapi près de Dixmude, lance des obus sur Dunkerque, à 40 kilomètres. Il paraît que les projectiles montent à 8.000 mètres avant de redescendre sur la ville. L’un d’eux, tombant sur un café, a tué 47 personnes. Mais les journaux n’en soufflent pas mot. La consigne est d’escamoter les victimes. Seule parmi tous les belligérants, la France ne publie pas ses pertes. Défense aux illustrés de donner une vue où figure un cadavre français. La presse doit représenter une guerre proprette et confortable, où il n’y a de morts que les morts ennemis.

1er juin 1915.

On assure que Vénizelos, premier ministre de Grèce, est renversé. Il avait tenté vainement d’amener le roi à partager ses propres opinions. On dit de lui : « C’est un grec qui n’a pas su retourner le roi. »