Aller au contenu

Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
L’ESCOLE DES FILLES

Fanchon. Que vous diray-je davantage ? Quand il cessoit de parler je ne (28) bougeois et il le vouloit ainsi, et quand il disoit : Coton, ou les autres, moy de remuer aussi tost autant de fois qu’il lui plaisoit de l’ordonner. Nous continuasmes ainsi jusqu’à la fin, et parce que ce coup lui sembla plus long que les autres et que je fus preste, par deux fois, de faire auparavant luy, tout autant de fois il me retint et il m’apprit ainsi comment il faut faire pour retarder le plaisir quand il avançoit trop et pour l’avancer quand il retardoit. Et quand il fust prest de descharger, il poussa sa voix plus fort que devant, disant : Bourre, coton, laine, coton, — et tousjours plustost coton que les deux autres. Je fus contrainte, à la fin, luy dire qu’il ne criast pas si fort, crainte que l’on ne nous entendist d’en bas, et que je remuerois bien sans cela ; et nous nous disions tant seulement tout bas l’un à l’autre, en l’ardeur du plaisir : Et tost, mon cœur, ma vie, ma pensée, m’amour, mon connaud ; et pousse donc, et coton, et serre !… et puis je ne sais plus ce que tout devint.

(29) Susanne. Que je hais ces brailleurs-là qui font tant de bruict et qui n’ont nulle considération. Car il y en a qu’on ne sçauroit faire taire et qui, quand ils ejaculent, en mesme

10