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Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/142

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L’ESCOLE DES FILLES

Fanchon. Certes, je ne m’estonne plus, ma cousine, que vous soyez si habile dans les plaisirs d’amour, puisque vous en sçavez si bien les raisons, et je m’estonne comment et où vous les pouvez avoir aprises.

(52) Susanne. C’est mon amy qui a prins plaisir à m’instruire, pour son grand plaisir, et s’il m’a bien dit de plus que devant qu’il eust couché avec moy, lors qu’il sentoit que mon amour le pressoit trop, il s’en alloit, contre son gré, veoir quelque fille pour se divertir, et estant là s’efforçoit si fort dessus elle qu’il en estoit allégé ; trouvant par une fin contraire à ses désirs celle de son amour, car, comme j’ay dit, l’amour a cela de fin et de merveilleux qu’il ne fait pas penser à chevaucher, et cependant c’est sa seule fin, où de soy il aspire, et qui seule peut guerir son ardeur. Voilà donc qui est résolu sur ce point.

Fanchon. Fort bien, il ne se peut pas davantage.

(53) Susanne. Or, la raison que tu m’as demandée pourquoy les hommes, en faisant cela, disoient des gros mots et villaines paroles, c’est qu’ils prennent plaisir à nous nommer par les choses qui participent à leur plaisir davantage et qu’ils ayment le plus, et comme en l’action de la fouterie ils ont toutes leurs