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Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/144

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L’ESCOLE DES FILLES


là ; s’ils l’appellent : Ma couillaude ! c’est qu’ils la trouvent forte et vigoureuse et qui trousse un coüillon en masle, ou qu’ils croyent luy en avoir appliqué deux quand ils la joignent par en bas, et ainsi du reste. De plus, il y a deux raisons bien douces et gentilles pourquoy les hommes, quand ils sont aux prises avec nous, appellent toute chose par leur nom.

Fanchon. Sçavoir.

Susanne. La première, que nous possédant en toute liberté, ils s’égayent à nous dire les mots qui nous font le plus de honte (54), pour rendre leur victoire plus célèbre ; la seconde, c’est que leur imagination estant toute confite en délices et dans la contemplation de leur jouissance, ils n’ont pas la parole libre, et suivant la promptitude de leurs désirs, ils s’expliquent par monosyllabes ; d’où vient que ce qu’ils appelleroient en un temps : Paradis d’amour, le centre des délices ou des désirs amoureux, le trou mignon, ils l’appellent simplement un con, et ce mot de con, outre qu’il est bref et qu’il nous donne à leurs yeux de la confusion et de la honte (ce qu’ils sont bien ayses de veoir), c’est qu’il renferme en soy la représentation des plus douces conceptions d’amour. Il en est ainsi de l’engin de l’homme, qu’ils appellent simplement un vit, car autre-