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Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/162

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L’ESCOLE DES FILLES

Fanchon. Et pourquoy est-ce que ceste idée chatouille si fort en passant ?

(72) Susanne. C’est qu’elle se resjouit sur le point qu’elle est proche de se communiquer à la chose aymée.

(73) Fanchon. Cela est certes bien délicat et amoureux, et pourquoy donc ceux qui sont en cest estat ne peuvent-ils rire, veu qu’ils sont si ayses, sur tout dans le moment que le foutre s’escoule, et qu’il semble que toutes choses les y convient ?

Susanne. C’est qu’ils n’ont pas le plaisir dans la teste, et que toute leur joye est au cul ou bien entre con et coüillons.

Fanchon. Ha, ha, ha, ha !

Susanne. Mais il se peut imaginer encore autrement.

Fanchon. Comme quoy ?

Susanne. C’est que l’âme est tirée en bas par la force du plaisir et comme arrachée de son siége par la grande attention qu’elle porte à ceste union si désirée des deux corps, qui se faict en cest endroit ; d’où vient qu’elle ne songe plus à soy et laisse vuides et desgarnies de sa présence les fonctions de la raison. Or, là où elle ne raisonne plus, là aussi elle n’est plus libre, et par conséquent elle ne peut rire, car c’est une propriété de la raison et effect de la