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L’ESCOLE DES FILLES


font, et cependant qu’on ne peut point proprement appeler belles.

Fanchon. Cela seroit trop long à disputer, si on y vouloit aller. Par exemple, Paris est tout plein de personnes qui ont une partie de la beauté et non pas l’autre, d’autres qui ont toutes les deux, et c’est de celles là que je demande que vous me fassiez une description qui soit le plus à vostre gré.

(86) Susanne. Je commenceray par la beauté du corps et des actions, et premièrement de celle de la femme.

Fanchon. Bon, après nous viendrons à celle de l’homme.

Susanne. Il y a encore des beautez qui sont plus propres à l’amour les unes que les autres, et c’est d’une de celles là que je vais faire la description.

Fanchon. Voyons.

Susanne. Je demande une fille à l’âge de dix et huict ans, médiocrement grasse, et qui ayt la taille droicte et haute, non pas trop, l’air du visage noble et majestueux ; qu’elle ayt la teste bien plantée, les yeux doux et riants, de couleur noire, la bouche médiocrement grande, les dents blanches et bien rangées, le front plus petit que grand, mais doucement courbé dans ce qu’il monstre, les jouës pleines, les cheveux