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Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/44

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L’ESCOLE DES FILLES.


fois, et bien d’autres garçons aussi, mais je n’ay point eu pour cela plus de plaisir.

Susanne. Tu ne touchois que les habits, mais falloit toucher autre chose.

Fanchon. Oh ! de grâce, ma cousine, ne me faites plus languir, si vous m’aimez, car je n’entends rien à tout cela ; dites moy naïvement ce que je devois faire pour estre si contente avec luy.

(7) Susanne. Pour ne te plus tenir en suspens, tu dois sçavoir qu’un garçon et une fille prennent ensemble le plus grand plaisir du monde, et si cela ne leur couste rien du monde.

Fanchon. Ha ! ma cousine, que j’ay desjà d’envie de le sçavoir. Hé ! qu’est-ce, et comment est-ce ?

Susanne. Donne toy patience, et je te diray tout. N’as-tu jamais veu un homme qui fust tout nud ?

Fanchon. Non, jamais en ma vie ; j’ay bien vu quelquefois des petits garçons.

(8) Susanne. Tout cela n’est rien ; il faut qu’ils soyent grands, tout au moins de l’âge de dix et sept ans, et que la fille en ayt quinze.

Fanchon. Cela estant, non, je n’en ay donc point veu.

Susanne. Escoute, ma pauvre cousine, je t’aime trop pour te rien celer : n’en as-tu pas