Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/104

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aussi bien que chez eux, et la pénétration et la doctrine ; que les vôtres découvrent même dans la science plus de vérités sublimes que les habitants de nos climats glacés. Demain je reviendrai à Utrecht pour y rester quelques semaines, et me rassasier de votre ouvrage, dans cette retraite où je suis moins dérangé qu’à Amsterdam. Lorsque j’aurai bien saisi l’esprit de ce livre, je prouverai, dans la deuxième partie du dix-huitième volume de ma Bibliothèque ancienne et moderne, tout le cas que l’on doit en faire. Salut, illustre auteur, comptez-moi au nombre des dignes admirateurs de votre profonde érudition. Écrit à la hâte à Amsterdam, le 8 septembre 1722. »

Si cette lettre fît plaisir aux hommes distingués qui avaient bien présumé de l’ouvrage de Vico, elle déplut singulièrement à ceux qui en avaient jugé d’une manière différente, ils se flattaient que ce n’était là qu’un éloge secret de Leclerc, et que, lorsqu’il en porterait un jugement public dans sa Bibliothèque, il opinerait comme eux. Ils ajoutaient qu’il était impossible que cet ouvrage de Vico eût forcé Leclerc à chanter la palinodie, à dire le contraire de ce qu’il répétait depuis cinquante ans : qu’on ne fait point en Italie des ouvrages qui, pour l’esprit et l’érudition, puissent être comparés à ceux de l’étranger.

Cependant, Vico, pour prouver qu’il tenait à l’estime des gens distingués, sans toutefois se la proposer pour but de ses travaux, lut les deux poèmes d’Homère pour y faire une application de ses principes de philologie ; et, à l’aide de quelques formules mythologiques qu’il s’était créées, il leur donna un aspect bien différent de celui sous lequel on les avait envisagés jus-