Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/120

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pour introduire dans la jurisprudence romaine, et contre l’esprit de cette même jurisprudence, celui des philosophes, principalement des stoïciens et des épicuriens, dont les principes sont contraires et à la jurisprudence et à la civilisation humaine.

Cet ouvrage de Vico, si glorieux pour la religion catholique, procura à l’Italie l’avantage de ne point envier à la Hollande, à l’Angleterre, à l’Allemagne protestante, les trois principes de cette science qui, de nos jours, et dans le sein de la véritable Église, ont été reconnus comme les principes de toute l’érudition humaine et divine des païens. Aussi Vico fut-il assez heureux pour voir son livre accueilli par l’éminentissime cardinal Lorenzo Corsini, auquel il l’avait dédié ; il en reçut même cet éloge éminent : « Ouvrage qui, pour la dignité antique du style et la solidité de la doctrine, fait seul connaître dans les parties les plus difficiles de la science qu’en Italie vivent toujours et le génie de l’éloquence et l’heureuse hardiesse de l’invention. Je m’en réjouis, j’en félicite la noble patrie de l’auteur. »

Dès que la Scienza nuova eut été publiée, l’auteur s’empressa de l’envoyer à Jean Leclerc par la voie plus sûre de Livourne ; il y joignit une lettre et en fit un paquet pour être expédié à Joseph Attias, un de ses amis qu’il avait connu à Naples. C’était un juif qui passait pour être fort instruit dans la langue sainte, comme le prouve son édition de l'Ancien Testament, qui est très estimée dans le monde savant. Attias se chargea gracieusement de la commission, et répondit à Vico :

« Je ne saurais vous exprimer tout le plaisir que