Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/175

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naturelles chaque homme peut savoir autant que les autres. Les jeunes gens se laissent facilement séduire à cette doctrine, parce qu’il est bien fatigant de tout lire, et qu’on aime à apprendre beaucoup de choses sous une forme abrégée. Mais Descartes lui-même, qui dissimule sa science avec tant de soin et d’habileté, était très versé dans les matières philosophiques, et l’un des mathématiciens les plus illustres du monde ; il vivait caché dans une solitude profonde, et ce qui fait plus que tout le reste, il était doué d’un génie tel que chaque siècle n’en produit pas toujours. Un homme doué de tels avantages peut suivre son sens propre, mais tout autre le peut-il ? Qu’ils lisent autant que l’a fait Descartes) Platon, Aristote, saint Augustin, Bacon et Galilée ; qu’ils méditent autant que Descartes dans ses longues retraites, et le monde aura des philosophes comparables à Descartes. Mais avec la lecture de Descartes, et le secours de leurs lumières naturelles, ils ne pourront jamais l’égaler ; Descartes aura établi sa domination sur eux, en suivant le conseil du machiavélisme : détruire ceux par lesquels on s’est élevé.


1726. — Lettre de Vico au P. de Vitré de la compagnie de Jésus, publiée en 1817 dans la première édition de la Science nouvelle, réimprimée par les soins de M. Salvator Gallotti. — Yous me demandez des nouvelles littéraires pour vos Pères de Trévoux. Je ne puis vous en donner qu’une de Naples, c’est qu’au jugement des personnes les plus sages, si la Providence, dont les voies sont incompréhensibles, n’y apporte