Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/189

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replacée dans le jour de la vérité, mais n’en ont pas éclairé la philosophie.

Le seul Antoine Goveanus avait réuni l’étude de la philosophie et de la philologie ; mais il ne s’est point appliqué sérieusement à la jurisprudence. Grotius, plus grave, ne parle point du droit civil des Romains, il traite du droit des gens ; c’est le jurisconsulte du genre humain. Mais si l’on met ses principes à l’épreuve d’une analyse sévère, on trouve les raisonnements sur lesquels il les établit spécieux, mais peut-être loin d’être invincibles.

Aussi entendons-nous répéter encore ce problème de Garnéade : Existe-t-il une justice au monde ? Épicure, Machiavel, Hobbes, Spinoza et Bayle, plus récemment, disent toujours : La mesure du droit, c’est l’utilité ; il varie selon le temps et le lieu ; — Ce sont les faibles qui veulent qu’il y ait une justice. — Dans le souverain pouvoir, la justice est toujours du parti de la force (Tacite). De ces maximes, ils concluent que la crainte est le lien de la société humaine, que les lois sont une invention des puissants pour commander à la multitude ignorante.

Pour nous, nous établirons en principe que le droit, c’est la vérité éternelle, immuable en tout temps, en tout lieu. La science éternelle de la vérité est expliquée par la métaphysique, que l’on définit la critique du vrai, La métaphysique seule pourrait démontrer le droit de manière à nous ôter la malheureuse facilité d’examiner si le droit est juste. Elle nous donnerait les principes du droit, et concilierait ces principes d’une manière invariable. Nous y trouverions comme une règle éternelle, au moyen de laquelle nous pourrions