ment suivie par les modernes à celle des anciens [1], avec quelle sagacité il marque les inconvénients de la première. Nulle part les abus de la nouvelle philosophie n’ont été attaqués avec plus de force et de modération : l’éloignement pour les études historiques, le dédain du sens commun de l’humanité, la manie de réduire en art ce qui doit être laissé à la prudence individuelle, l’application de la méthode géométrique aux choses qui comportent le moins une démonstration rigoureuse, etc. Mais en même temps ce grand esprit, loin de se ranger parmi les détracteurs aveugles de la réforme cartésienne, en reconnaît hautement le bienfait : il voyait de trop haut pour se contenter d’aucune solution incomplète : « Nous devons beaucoup à Descartes qui a établi le sens individuel pour règle du vrai ; c’était un esclavage trop avilissant que de faire tout reposer sur l’autorité. Nous lui devons beaucoup pour avoir voulu soumettre la pensée à la méthode ; l’ordre des scolastiques n’était qu’un désordre. Mais vouloir que le jugement de l’individu règne seul, vouloir tout assujettir à la méthode géométrique, c’est tomber dans l’excès opposé. Il serait temps désormais de prendre un moyen terme ; de suivre le jugement individuel, mais avec les égards dus à l’autorité ; d’employer la méthode, mais une méthode diverse selon la nature des choses [2]. »
- ↑ Il y propose le problème suivant : Ne pourrait-on pas animer d’un même esprit tout le savoir divin et humain, de sorte que les sciences se donnassent la main, pour ainsi dire, et qu’une université d’aujourd’hui représentât un Platon ou un Aristote, avec tout le savoir que nous avons de plus que les anciens ?
- ↑ Réponse à un article du Journal littéraire d’Italie où l’on attaquait le livre De antiquissima Italorum sapientia ex originibus linguæ latinæ eruenda. 1711.