gens ; pour cette science je voulus m’ensevelir dans la profonde et vaste bibliothèque du sens universel de l’humanité, pour y feuilleter les plus antiques auteurs des nations qui ont précédé les écrivains de plus de mille ans. Hobbes a voulu en faire autant, lui qui se vantait auprès des lettrés, ses amis, d’avoir formé de cette manière sa doctrine du Prince ; c’était, disait-il, dans ce trésor qu’il avait puisé sa philosophie. Il se trompait cependant, n’ayant pas tenu compte de la divine Providence, qui seule pouvait lui donner un flambeau pour parcourir ces sombres origines des choses humaines ; il erre donc avec l’aveugle hasard d’Épicure dans la nuit ténébreuse de l’antiquité. Je combats dès l’abord ses doctrines et ses principes. »
Nous donnerons aussi un passage où Vico réfute ce reproche que lui avait adressé le critique : ingenio magis indulget quam veritati. Il soutient d’abord, en reproduisant des idées déjà exposées dans le De antiquissima Italorum sapientia, qu’on ne peut arriver à la vérité sans l’ingenium et sans l’ingenii acumen.
« … Aristote nous donne la raison pour laquelle nous prenons plaisir aux acuta dicta ; c’est que l’âme qui, par sa nature, a faim et soif du vrai, apprend beaucoup de choses en un instant. Au contraire, les arguta dicta sont le produit d’une faible et pauvre imagination, qui ne fournit que les noms vides des choses ou de simples surfaces, et ne les recompose pas tout entières ; ou encore qui présente tout à coup à l’esprit des choses absurdes et ineptes, lorsqu’il n’attendait rien que de raisonnable et de convenable.