Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

opération, la matière et le mouvement. La bonne métaphysique est favorable à cette opinion ; car comme l’effort n’est pas quelque chose, mais un mode de quelque chose, je veux dire d’une matière, il faut qu’il ait été créé d’une même création avec cette matière. Cette idée est aussi d’accord avec la physique : car dès qu’il y a nature, ou, comme dit l’École, être en fait, tout se meut ; auparavant tout reposait en Dieu ; la nature a donc commencé d’être par l’effort, ou la nature de l’effort consiste, comme dit l’École, dans le devenir. Car l’effort est intermédiaire entre le repos et le mouvement. Dans la nature sont les choses étendues ; avant toute nature, la chose qui n’admet aucune étendue, Dieu ; donc entre Dieu et les objets étendus est une chose intermédiaire, inétendue, mais capable d’extension : c’est le point métaphysique. C’est là que ces choses trouvent leur mesure commune, ou, comme on dit, la proportion qui les exprime : repos, effort, mouvement ; Dieu, matière, et corps étendu. Dieu, moteur de toutes choses, reste immobile en soi ; la matière fait effort ; les corps étendus sont mus ; et de même que le mouvement est un mode du corps, le repos un attribut de Dieu, ainsi l’effort est la propriété du point métaphysique, et de même que le point métaphysique est une vertu indéfinie d’extension, qui est égale pour des étendues inégales, ainsi l’effort est une vertu motrice indéfinie, qui, sans sortir de l’égalité, donne lieu à des mouvements inégaux.

Descàrtes pose comme base de ses belles idées sur la réflexion et la réfraction des mouvements, que le mouvement diffère de ce qui le détermine, en sorte qu’il.peut y avoir plus de mouvement pour un même