Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/260

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vement est un changement de distance, ou de situation, et il n’est point de moment où les corps voisins les uns des autres ne changent de situation ; c’est un flux et un afflux continuel ; la vie des choses est semblable à un fleuve qui paraît toujours le même, et roule sans cesse des eaux nouvelles. Il n’est donc rien dans la nature qui soit un seul instant dans les mêmes rapports de distance et conserve la même situation. Cette idée que les choses gardent toujours la forme dont elles ont été douées une fois, c’est une idée digne de l’École qui compte, parmi les causes des choses naturelles, ces desseins conservateurs de la nature. Quelle peut être la forme propre d’aucune chose dans la nature, puisqu’il n’est pas de moment où toute chose ne perde ou ne gagne ? Ainsi la forme physique n’est qu’un changement perpétuel. Le repos absolu doit donc être entièrement banni de la physique.


§ V. — Que le mouvement est incommunicable.


Le mouvement n’est autre chose qu’un corps qui se meut ; et si nous voulons nous exprimer avec la sévérité du langage métaphysique, ce n’est pas tant un quid qu’un cujus ; c’est un mode du corps, qui ne peut se séparer, même en pensée, de la chose dont il est le mode. Ainsi, autant vaudrait parler de pénétration des corps que de communication du mouvement. Cette doctrine que le mouvement se communique de corps à corps, ne paraît pas moins répréhensible que cette autre sur les attractions et les mouvements, que