Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/296

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Mais toute étude sur la civilisation païenne doit commencer par un examen sévère des prétentions des nations anciennes, et surtout des Égyptiens, à une antiquité exagérée. Nous tirerons deux utilités de cet examen : celle de savoir à quelle époque, à quels pays il faut rapporter les commencements de cette civilisation ; et celle d’appuyer par des preuves, humaines à la vérité, tout le système de notre religion, laquelle nous apprend d’abord que le premier peuple fut le peuple hébreu, que le premier homme fut Adam, créé en même temps que ce monde par le Dieu véritable.

Notre chronologie se trouve entièrement contraire au système de Marsham, qui veut prouver que les Égyptiens devancèrent toutes les nations dans la religion et dans la politique, de sorte que leurs rites sacrés et leurs règlements civils, transmis aux autres peuples, auraient été reçus des Hébreux avec quelques changements. Avant d’examiner ce qu’on doit croire de cette antiquité, il faut avouer qu’elle ne parait pas avoir profité beaucoup aux Égyptiens. Nous voyons dans les Stromates de saint Clément d’Alexandrie que les livres de leurs prêtres, au nombre de quarante-deux, couraient alors dans le public, et qu’ils contenaient les plus graves erreurs en philosophie et en astronomie. Leur médecine, selon Galien, De Medicina mercuriali, était un tissu de puérilités et d’impostures. Leur morale était dissolue, puisqu’elle permettait, qu’elle honorait même la prostitution. Leur théologie n’était que superstitions, prestiges et magie. Les arts du fondeur et du sculpteur restèrent chez eux dans l’enfance ; et quant à la magnificence de leurs pyra-