Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/354

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Le même axiome établit la différence qui existe entre le droit naturel des Hébreux, celui des Gentils et des philosophes. Les Gentils eurent seulement les secours ordinaires de la Providence, les Hébreux eurent de plus les secours extraordinaires du vrai Dieu, et c’est le principe de la division de tous les peuples anciens en Hébreux et Gentils. Les philosophes, par leurs raisonnements, arrivèrent à l’idée d’un droit plus parfait que celui que pratiquaient les Gentils ; mais ils ne parurent que deux mille ans après la fondation des sociétés païennes. Ces trois différences, inaperçues jusqu’ici, renversent les trois systèmes de Grotius, de Selden et de Puffendorf.


106. Les sciences doivent prendre pour point de départ l’époque où commence le sujet dont elles traitent[1].


107. Les Gentes (familles, tribus, clans) commencèrent avant les cités, du moins celles que les Latins appelèrent gentes majores, c’est-à-dire maisons nobles anciennes, comme celles des Pères dont Romulus composa le sénat, et en même temps la cité de Rome. Au contraire, on appela gentes minores les maisons nobles nouvelles fondées après les cités, telles que celles des Pères dont Junius Brutus, après avoir chassé les rois,

  1. Cet axiome, placé ici à cause de son rapport particulier avec le droit des gens, s’applique généralement à tous les objets dont nous avons à parler. Il aurait dû être rangé parmi les axiomes généraux ; si nous l’avons mis en cet endroit, c’est qu’on voit mieux dans le droit des gens que dans toute autre matière particulière combien il est conforme à la vérité, et important dans l’application. (Vico.)