Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/384

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passa dans l’opinion aux hommes qui ordonnent et gouvernent sagement les États, dans l’intérêt des nations. — Plus tard encore le mot sagesse vint à signifier la science naturelle des choses divines, c’est-à-dire la métaphysique, qui, cherchant à connaître l’intelligence de l’homme par la contemplation de Dieu, doit tenir Dieu pour le régulateur de tout bien, puisqu’elle le reconnaît pour la source de toute vérité[1]. — Enfin la sagesse parmi les Hébreux, et ensuite parmi les chrétiens, a désigné la science des vérités éternelles révélées par Dieu ; science qui, considérée chez les Toscans comme science du vrai bien et du vrai mal, reçut peut-être pour cette cause son premier nom, science de la divinité.

D’après cela nous distinguerons, à plus juste titre que Varron, trois espèces de théologie : théologie poétique, propre aux poètes théologiens, et qui fut la théologie civile de toutes les nations païennes ; théologie naturelle, celle des métaphysiciens ; la troisième, qui, dans la classification de Varron, est la théologie poétique[2], est pour nous la théologie chrétienne, mêlée de la théologie civile, de la naturelle et de la révélée, la plus sublime des trois. Toutes se réunissent dans la contemplation de la Providence divine ; cette Pro-

  1. En conséquence la métaphysique doit essentiellement travailler au bonheur du genre humain dont la conservation tient au sentiment universel qu’ont tous les hommes d’une divinité douée de providence. C’est peut-être pour avoir démontré cette providence que Platon a été surnommé le divin. La philosophie qui enlève à Dieu un tel attribut, mérite moins le nom de philosophie et de sagesse que celui de folie. (Vico.)
  2. La théologie poétique fut chez les Gentils la même que la théologie civile. Si Varron la distingue de la théologie civile et de la théologie naturelle, c’est que, partageant l’erreur vulgaire qui place dans les fables les mystères d’une philosophie sublime, il l’a crue mêlée de l’une et de l’autre. (Vico.)