Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/469

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constituait la cité romaine. Dominium optimum signifia bien une pleine propriété, mais non plus domaine par excellence (domaine éminent). Le domaine quiritaire ne signifia plus un domaine dont le plébéien ne pouvait être expulsé sans que le noble dont il le tenait vînt pour le défendre et le maintenir en possession ; il signifia un domaine privé avec faculté de revendication, à la différence du domaine bonitaire, qui se maintient par la seule possession.

Les mêmes changements eurent lieu au moyen âge, en vertu des lois qui dérivent de la nature éternelle des fiefs. Prenons pour exemple le royaume de France, dont les provinces furent alors autant de souverainetés appartenant aux seigneurs qui relevaient du roi. Les biens des seigneurs durent originairement n’être sujets à aucune charge publique. Plus tard, par succession, par déshérence ou par confiscation pour rébellion, ils furent incorporés au royaume, et cessant d’être ex jure optimo, devinrent sujets aux charges publiques. D’un autre côté, les châteaux et les terres qui composaient le domaine particulier des rois ayant passé, par mariage ou par concession, à leurs vassaux, se trouvent aujourd’hui assujettis à des taxes et à des tributs. Ainsi, dans les royaumes soumis à la même loi de succession, le domaine ex jure optimo se confondit peu à peu avec le domaine privé, sujet aux charges publiques, de même que le fisc, patrimoine des Empereurs, alla se confondre avec le trésor ou ærarium.