Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/48

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dages et les représailles de l’antiquité, la dureté des servitudes héroïques se renouvelèrent, surtout entre les infidèles et les chrétiens. — Les asiles du monde ancien se rouvrirent chez les évêques, chez les abbés ; c’est le besoin de cette protection qui motive la plupart des constitutions de fiefs. Pourquoi tant de lieux escarpés ou retirés portent-ils des noms de saints ? c’est que les chapelles y servaient d’asiles. — L’âge muet des premiers temps du monde se représenta, les vainqueurs et les vaincus ne s’entendaient point ; nulle écriture en langue vulgaire. Les signes hiéroglyphiques furent employés pour marquer les droits seigneuriaux sur les maisons et sur les tombeaux, sur les troupeaux et sur les terres. Ainsi, nous retrouvons au moyen âge la plupart des caractères observés déjà dans la plus haute antiquité.

Quand toutes les observations qui précèdent sur l’histoire du genre humain ne seraient point appuyées par le témoignage des philosophes et des historiens, des grammairiens et des jurisconsultes, ne nous conduiraient-elles pas à reconnaître dans ce monde la grande cité des nations fondée et gouvernée par Dieu même ? — On élève jusqu’au ciel la sagesse législative des Lycurgue, des Solon et des Décemvirs, auxquels on rapporte la police tant célébrée des trois plus glorieuses cités, des plus signalées par la vertu civile ; et pourtant combien ne sont-elles pas inférieures en grandeur et en durée à la république de l’univers !

Le miracle de sa constitution, c’est qu’à chacune de ses révolutions elle trouve dans la corruption même de l’état précédent les éléments de la forme nouvelle