Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/494

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Ils plaçaient dans la poitrine le siège de toutes les passions, et au-dessous, les deux germes, les deux levains des passions : dans l’estomac la partie irascible, et la partie concupiscible surtout dans le foie, qui est défini le laboratoire du sang (offîcina). Les poètes appellent cette partie præcordia ; ils attachent au foie du Titan chacun des animaux remarquables par quelque passion ; c’était entendre, d’une manière confuse, que la concupiscence est la mère de toutes les passions, et que les passions sont dans nos humeurs.

Ils rapportaient au cœur tous les conseils ; les héros roulaient leurs pensées, leurs inquiétudes dans leur cœur ; agitabant, versabant, volutabant corde curas. Ces hommes, encore stupides, ne pensaient aux choses qu’ils avaient à faire que lorsqu’ils étaient agités par les passions. De là les Latins appelaient les sages cordati, les hommes de peu de sens vecordes. Ils disaient sententiæ, pour résolutions, parce que leurs jugements n’étaient que le résultat de leurs sentiments ; aussi les jugements des héros s’accordaient toujours avec la vérité dans leur forme, quoiqu’ils fussent souvent faux dans leur matière.


§ II


Corollaire relatif aux descriptions héroïques.


Les premiers hommes ayant peu ou point de raison, et étant au contraire tout imagination, rapportaient les fonctions externes de l’âme aux cinq sens du corps, mais considérés dans toute la finesse, dans toute la