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CONCLUSION DE CE LIVRE


Nous avons démontré que la sagesse poétique mérite deux magnifiques éloges, dont l’un lui a été constamment attribué. I. C’est elle qui fonda l’humanité chez les Gentils, gloire que la vanité des nations et des savants a voulu lui assurer, et lui aurait plutôt enlevée. II. L’autre gloire lui a été attribuée jusqu’à nous par une tradition vulgaire ; c’est que la sagesse antique, par une même inspiration, rendait ses sages également grands comme philosophes, comme législateurs et capitaines, comme historiens, orateurs et poètes. Voilà pourquoi elle a été tant regrettée ; cependant, dans la réalité, elle ne fît que les ébaucher, tels que nous les avons trouvés dans les fables ; ces germes féconds nous ont laissé voir dans l’imperfection de sa forme primitive la science de réflexion, la science de recherches, ouvrage tardif de la philosophie. On peut dire en effet que dans les fables l’instinct de l’humanité avait marqué d’avance les principes de la science moderne, que les méditations des savants ont depuis éclairée par des raisonnements, et résumée dans des maximes. Nous pouvons conclure par le principe dont la démonstration était l’objet de ce livre : Les poètes théologiens furent le sens, les philosophes furent l’intelligence de la sagesse humaine.