Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/56

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imbécile. Mais la prédiction, Dieu merci, ne se vérifia point, et, guéri de sa blessure, Vico devint mélancolique et ardent, caractère des esprits inventifs et profonds dans lesquels éclate un génie subtil, mais qui, du reste, sont trop réfléchis pour aimer le brillant et le faux.

Après une convalescence de trois années, il rentra dans la classe de grammaire, et comme il expédiait rapidement tous ses devoirs, son père, prenant cette facilité pour de la négligence, s’enquit un jour du maître si son fils travaillait en bon écolier. Sur sa réponse affirmative il le pria de lui doubler sa tâche ; mais celui-ci s’excusa sur ce qu’il n’avait qu’une mesure, qu’un seul écolier ne pouvait réclamer tous les soins, et que la classe supérieure était trop forte. Vico, présent à l’entretien, ne consultant que son courage, pria le maître de lui accorder la permission d’y passer, prêt à suppléer à sa faiblesse par un redoublement d’ardeur. Il céda, plutôt pour éprouver ce que pouvait une jeune intelligence, que dans l’espoir d’un succès réel ; mais, à son grand étonnement, il trouva son maître dans son écolier.

Ce premier guide venant à lui manquer, il fut confié à un second ; mais il resta peu de temps avec lui, son père ayant été conseillé de l’envoyer chez les jésuites, qui l’admirent dans leur seconde classe. Charmé de ses dispositions, son maître l’opposa successivement à trois de ses plus forts élèves. Par ses diligences, comme disent ces Pères, ou, si l’on aime mieux, par un surcroît de travail, il fit perdre courage au premier ; le second, pour avoir voulu rivaliser de zèle, tomba malade ; le troisième, qui était bien vu de la Compagnie,