Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/63

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nico Rocca (passionné pour ce même genre de poésie, et qui fut plus tard pour lui un généreux Mécène) ; il serait traité comme son propre fils, le bon air du pays rétablirait bientôt sa santé, et il aurait tout le loisir nécessaire pour se livrer à ses goûts.

C’est ce qui arriva. Un séjour de neuf années lui permit de terminer en partie ses études, et de pénétrer surtout dans les sources des institutions civiles et religieuses. A l’occasion du droit canonique, il s’engagea dans la discussion du dogme, et se trouva pour ainsi dire dans le cœur de la doctrine catholique sur les matières de la grâce, guidé précisément par le livre de Richard, théologien de Sorbonne, qu’il avait heureusement apporté de la librairie de son père. Par une démonstration géométrique, la doctrine de saint Augustin s’y trouve placée comme terme moyen entre deux extrêmes, Calvin et Pélage.

La manie de faire des vers lui était toujours d’un grand préjudice, lorsque, dans une bibliothèque du château où se trouvaient recueillies les œuvres des Mineurs de l’observance, il lui tomba heureusement sous la main un livre à la fin duquel se trouvait une critique ou apologie d’une épigramme, d’un chanoine de l’ordre, homme de mérite, du nom de Massa. Il y traitait des nombres poétiques les plus heureux dont Virgile s’était servi de préférence. Vico fut saisi d’une telle admiration qu’il se passionna pour l’étude de la poésie latine en commençant par ce prince des poètes. Dés lors son genre de versification moderne venant à lui déplaire, il se mit à étudier la langue toscane dans les premiers auteurs : Boccace pour la prose, Dante et Pétrarque pour la poésie. Il lisait alternativement