Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/75

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aucune réalité substantielle, mais ne sont que des modifications de la substance. Sa métaphysique n’a produit aucune morale favorable à la religion chrétienne ; le peu qu’il a écrit à ce sujet ne pouvant en constituer une. Son Traité des passions se rattache moins à la morale qu’à la médecine. Le P. Malebranche lui-même n’a pu déduire des principes de Descartes un système de morale chrétienne, et les Pensées de Pascal ne sont que des lumières éparses. Sa métaphysique n’a pas non plus fondé de logique particulière, celle d’Arnauld étant disposée sur le plan d’Aristote. Enfin, elle n’a servi de rien à la médecine, car l’anatomie n’a point trouvé dans la nature l’homme de Descartes. Ainsi comparativement la philosophie d’Epicure, lequel ne savait rien en mathématiques, est plus propre que celle de Descartes à être systématisée. D’après ces observations, Vico sentait avec plaisir que si la lecture de Lucrèce avait déterminé son goût pour la métaphysique de Platon, celle de Regius le fortifiait.

Ces diverses physiques servaient en quelque sorte de distraction à Vico, lorsqu’il avait sérieusement médité la métaphysique platonicienne. Elles fournissaient carrière à son imagination poétique, qu’il exerçait souvent aussi à composer des canzoni. Fidèle à sa première habitude d’écrire en italien, il cherchait de plus à emprunter aux Latins leurs traits les plus brillants, avec l’art des meilleurs poètes de la Toscane. C’est ainsi qu’à l’imitation du panégyrique du grand Pompée, placé par Cicéron dans son discours Pro lege Manilia, le plus noble de tous les discours latins de ce genre, il composa, dans le genre de Pétrarque, un panégyrique en trois canzoni à la louange de