Descartes, le froid comme un mouvement du dehors en dedans, et le chaud de dedans en dehors. Pour établir un système de médecine d’après ce système, il croyait que les fièvres ardentes pouvaient être produites par le mouvement de l’air dans les veines du centre du cœur à la périphérie, mouvement qui s’opposait à la juste dilatation des vaisseaux sanguins, couverts du côté opposé au dehors ; tandis que les fièvres malignes seraient occasionnées par le mouvement de l’air dans les vaisseaux sanguins du dehors en dedans, mouvement qui dilaterait d’une manière disproportionnée ces vaisseaux couverts du côté opposé au dedans : de sorte que le cœur, centre du corps dans l’animal, venant à manquer de l’air si nécessaire au mouvement et à la santé de ce corps, concentrerait le sang, cause première des fièvres malignes. C’est là le quid divini qu’Hippocrate disait occasionner ces sortes de fièvres. Toute la nature fournit à l’appui la matière de conjectures raisonnables : en effet, le froid et le chaud concourent également à la génération des choses : le froid fait germer le blé ensemencé, fait naître les vers dans les cadavres et d’autres petits insectes dans les lieux humides et obscurs ; enfin, un froid ou une chaleur excessive produisent également des gangrènes, mal que l’on guérit en Suède avec de la glace. On a aussi remarqué dans les fièvres malignes que le corps était froid au toucher et que des sueurs coliquatives donnaient une trop grande dilatation aux vaisseaux excrétoires. Dans les fièvres ardentes, le corps est au contraire brûlant et âpre au toucher, preuve que les vaisseaux sont extérieurement contractés. Ne serait-ce pas pour cette raison que les Latins auraient réduit
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