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COMME JADIS…

— Une âme charitable me les apportera peut-être.

— Oui, et on rira du vieux Françà… Tout bien calculé, j’irai.

Je sais par expérience qu’il ne faut pas remercier à ce moment-là.


Donc, j’ai eu votre lettre, celle où vous me rassurez sur l’objet et les conséquences de votre visite au Canada. Vous avez raison, Gérard, les uns et les autres, nous pouvons retirer de grands bénéfices de ce voyage.

Pouvez-vous vous défendre d’un certain saisissement à la pensée que, d’une rive à l’autre, le lien qui unit nos deux pays peut se fortifier par la grâce d’Herminie de Lavernes, la fiancée du preux chevalier, mort en Nouvelle-France ?… Comment ne serais-je pas honteuse, maintenant, du sentiment timoré qui m’avait fait vous écrire au risque d’ébranler votre confiance, alors que de la part des meilleurs amis que nous avons là-bas, vous viennent de tels encouragements ? Faudra-t-il que j’en arrive à reconnaître avec la même humilité l’erreur de ma protestation première ? Je songe au prestige et à l’autorité que va vous donner en terre canadienne votre titre de descendant des Lavernes et des Noulaine — les noms des deux cousins que l’on trouve aux meilleures pages de notre Histoire, — et à l’intérêt vivant qu’ajoutera à votre nom et à