Page:Michelet - Comme jadis, 1925.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
COMME JADIS…

dans l’Ouest, nous appelons « waggon » ce qui est pour vous un chariot ! — D’une plume malhabile, je trace ces lignes qui vous arriveront, peut-être, puisque j’adresse au Commissariat canadien, à Paris, avec prière de faire suivre. Là, sans doute, on est au courant de votre programme. Ainsi vous vous amuserez à suivre votre sauvagesse quittant sa solitude, les deux chers Mourier, les bêtes amies, pour s’en aller, telle une héroïne de roman, au-devant d’un cousin inconnu, au nom de héros canadien.

— Non, merci…

I beg you pardon !…


Excusez moi, Gérard, ce n’est pas à vous que je m’adresse, mais au « Newsboy » qui s’entête à m’offrir des bananes. Cette fois je viens de le remercier en français.

Mes compagnons de voyage ! Assez nombreux, car, vous le verrez, « nos chars » ne ressemblent pas aux vôtres, tels que me les décrit Mourier : notre longue voiture d’acajou n’est pas divisée en compartiments.

Rien n’est plus curieux que de suivre le changement de physionomie du « char » — si j’ose dire — à mesure que s’égrènent les stations. Au départ de Bois-Brûlé, nous étions une dizaine de passagers, la plupart des Canadiens anglais. Sur le quai de Green-Water, nous avons pris un chargement