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COMME JADIS…

Nous avons eu des Fêtes très animées, cette année, car enfin, le voisinage commence à devenir proche, puisque le Père Chassaing, à la messe de Minuit, rappelant les progrès de la paroisse, évaluait à cinquante le nombre actuel des familles. Cinquante foyers répandus sur un territoire grand comme… Non, je ne ferai pas de comparaison bien que je me sois amusée hier soir, à chercher sur la carte du département de Seine-et-Oise quelle étendue couvrirait notre paroisse.

Les Fêtes passées, nous avons repris notre vie coutumière d’hiver. Les froids habituels de janvier se font durement sentir. On hésite à sortir. Il faut l’obligation du « train » pour se hasarder dans la cour. Le matin, quand je vais vaquer aux soins de la basse-cour, je trouve la neige déjà trouée par les larges empreintes des mocassins de Mourier. Je les suis jusqu’au point où je dois bifurquer pour me diriger vers le poulailler. Alors, le pied hésite, puis s’enfonce, après avoir brisé la surface cristallisée de la neige. Nous n’arrivons pas à battre « un trail » parce que chaque nuit la poudrerie s’élève et recouvre les traces.

Nous avons eu, au commencement de la semaine, une véritable tempête qui a failli devenir meurtrière. La nuit était tombée très vite, comme il arrive lorsque le ciel plombé est chargé de neige. Tout était vraiment hostile dehors et Mourier et moi, le train fini, nous rentrions les dents serrées, con-