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COMME JADIS…

de votre offre généreuse, je ne regrette pas de vous avoir livré ces confidences : elles vous prouveront que je ne fus pas emportée par une impulsion d’antipathie en écrivant ma première lettre, mais qu’il m’a fallu lutter contre des souvenirs…

Recevez, Monsieur, mes sincères salutations.

H. de Lavernes.

GÉRARD DE NOULAINE
À HERMINIE DE LAVERNES


Madame,

Le hasard a voulu que le facteur me remît votre lettre alors que, descendu au village pour une course obligée, je passais devant cette petite église d’Ormoy que vous connaissez par la reproduction d’un de mes tableaux. J’ai lu votre missive, là, sur place, et l’acuité du regret d’avoir passé près d’une amitié qui aurait pu s’épanouir, s’est fait sentir plus âpre par cette matinée d’automne glaciale, noyée de brumes, dont se dégageaient à peine les vieilles pierres grises de l’église. Ah ! Madame, que n’avez-vous témoigné d’un mot votre sympathie au peintre ! Quel bien vous m’eussiez fait ! Malgré l’hostilité voulue de vos phrases, je sens en vous une sincérité de sentiment, une volonté de