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COMME JADIS…

vient du fond de mon enfance et c’est comme une harmonie légère et gracieuse qui glisse sur l’aile de mes candeurs ferventes… Il approche et c’est toute la douceur du printemps, toute la beauté de la Foi, toute la confiance des tendresses qui s’avancent…

Entendez-vous la plainte des ans où s’enfouissaient invinciblement mes espoirs trompés et sans cesse renouvelés ?


Minnie, je dois achever cette lettre. Longtemps, je me suis attardé à ma fenêtre. J’ai vu la ville s’endormir enveloppée de silence lourd et de brumes montant du fleuve. Voici l’aube. C’est un silence intermédiaire, une trêve pleine d’énergies sourdes où passent en ondes le grand souffle du réveil prochain de la ville industrielle…

Quand repartirai-je pour Noulaine ? Je ne sais. Je me sens tout désemparé depuis que je me sais libre. Je me confierai à Henri. Lui, me dira, me conseillera, puisque vous êtes, hélas ! mon amie si lointaine, qu’une détresse me prend à songer aux milliers de kilomètres qui nous séparent…

Ne m’oubliez pas, j’ai besoin de votre aide pour mériter mieux l’amitié bienheureuse qui sera la sauvegarde de

Votre dévoué,
Gérard.