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COMME JADIS…

Gérard, ma plume, elle aussi, tremble en vous écrivant ces mots merveilleux d’au revoir. Vous voir, vous connaître, me paraît un rêve irréalisable !… Je me défends mal contre une impression : il me semble qu’il y a plus que la distance à nous séparer… Je ne m’arrête pas à l’idée que vous éprouverez un grand désappointement en faisant la connaissance de la cousine lointaine. Herminie de Lavernes, Minnie Lavernes… Surtout ne laissez pas dans votre esprit ces deux noms trop voisins. Je me demande comment vous vous représentez une petite Canadienne de l’Ouest, une Canadienne habitante ? N’imaginez rien !

Dès que la date de votre voyage sera définitivement fixée, j’écrirai à « nos gens » du Bas-Canada. Vous verrez comme elle est large et cordiale, l’hospitalité canadienne ! Vous trouverez des Lavernes, des Beaupré, des de Lalonde, des Leblanc et d’autres cousins encore, agriculteurs, membres du clergé, ou remplissant de hautes fonctions dans la magistrature du pays ; tous auront pour vous cet accueil chaleureux qui a toujours touché vos compatriotes. Vous serez celui du Vieux Pays qui vient en visite.

Au revoir, mon cousin, je porterai cette lettre au bureau de poste demain, en même temps que les livres que je choisirai ce soir.

Votre cousine,
Minnie.