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Page:Michelet - Comme jadis, 1925.djvu/224

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COMME JADIS…

MINNIE À GÉRARD

Ce mot à la hâte, mon ami, au reçu de votre câble. Je le joins aux lignes écrites dans l’inquiétude de la semaine passée. Car, je le sais, à présent, à l’allégresse que m’a apportée la dépêche : j’étais dévorée d’une inquiétude indicible. Non pas que ma confiance en vous puisse jamais être entamée, mais qui sait ce que, par exemple, la défection d’un concours promis pouvait vous amener à décider ?…

Votre câble : un éclair de joie. Je l’ai, là, devant les yeux. Je le garderai toujours comme preuve de ce qu’une ligne peut apporter de détente, de lumière, d’apaisement. Vous l’avouerai-je, la gravité de votre situation européenne n’a pas su jeter la plus petite ombre sur tout ce bleu. Je lui en veux tout au plus de retarder votre départ de quelques jours.

Vais-je remonter vous attendre à Lavernes ! Les Lamarche ne me le permettraient pas et, d’autre part, Mourier, facilement susceptible, interpréterait mal ce retour, à une semaine de votre arrivée.

Je reste. Vous aurez la poignée de main de la demoiselle gantée. Tant pis !… J’espère en tous cas que cette lettre trouvera Noulaine vide de son châtelain.

Au revoir, Gérard, je suis affectueusement votre cousine et amie,

Minnie.