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COMME JADIS…

Voyons, le Bulletin de ce matin était si rassurant…

Samedi, 1er août.

Gérard, nous nous rassurons, nous voulons nous rassurer… Le foyer va se circonscrire… C’est d’un horrible égoïsme, mais…

André nous a promis de nous tenir au courant des nouvelles qui nous arrivent contradictoires et, hélas ! le plus souvent alarmantes.

Hier soir, à onze heures, des « newsboys » ont envahi Strathcona, hurlant la déclaration de guerre. Nous nous sommes élancés sur les traces de l’un d’eux pour acheter le journal. Il faisait noir, le gamin n’entendait pas nos appels ; il fuyait par les avenues coupées dans le taillis ; nous trébuchions, nous avons dû renoncer à l’atteindre.

Le Bulletin de ce matin ne confirmait pas la nouvelle.


Reçu une lettre de Mourier. Pas un mot ayant trait à l’assassinat de l’archiduc et de sa femme. On attend « notre retour » avec impatience. « Notre » retour !…

Les épis de blé sont si lourds que le champ semble incliné sous leur poids. Mon chien me cherche partout. À en croire Mourier, toutes les bêtes sont inquiètes de mon absence. Il me le dit en termes naïfs et touchants. Comme la vie pourrait être facile, Gérard, si les hommes n’étaient pas méchants !…