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COMME JADIS…

Ô Minnie ! si Dieu l’eût permis, ç’eût été avec une infinie délicatesse que là-bas, tout près du souvenir de votre père, je vous aurais ouvert mon cœur. Et voilà que dans cette tragique veillée des armes, parce que j’en sortirai plus fort, je viens à vous et je vous demande de lire en moi à travers ma pensée que je voudrais vous donner toute vive, à la source même du cœur… L’éclat de la beauté morale dont les rayons m’ont pénétré dès votre première lettre, et à laquelle insensiblement j’ai attaché le but et l’ambition de ma vie, comme les guerriers grecs recherchant la toison d’or, devait accomplir ce miracle : me faire une conscience plus haute, plus ferme, m’élever jusqu’à votre amour…

Minnie, Minnie, je demande à votre chère âme de ne pas s’effaroucher. Je vous parle, ce soir, du fond de ma tendresse illuminée par les drames de l’heure et par l’appel du sacrifice. Celui qui va partir est digne de vous, vous l’en avez rendu digne. Un mot de vous suffira pour faire resplendir en moi-même les choses que j’y sens dans un divin mystère.

Minnie, voulez-vous me permettre de vous appeler ma fiancée bien-aimée ?


Comme je vous le disais, au début de ces lignes, les minutes me sont comptées.

J’espère que les circonstances, me permettront de vous écrire longuement bientôt. Puissent les