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COMME JADIS…

— Vous partirez ?

— Oui, je ne peux oublier tout ce que je dois à la France ; je rendrai à ses soldats un peu de la science qu’elle m’a libéralement offerte. Nous allons vivre des heures très graves, et j’ai peur que notre pays lui-même en subisse le contre-coup. L’Angleterre entre dans le conflit. Qui sait ce qu’il adviendra du Canada ?

— Vous ne voulez pas dire que le Canada entrera en guerre ?

— Je ne le crois pas. Cependant quelques amis et moi avons nos idées : nous traverserons volontairement et nous offrirons nos services personnels. N’est-ce pas la forme de participation la plus digne de notre pays ?… Si je pars, Minnie, vous n’oublierez pas ma mère. Je sais qu’il vous est difficile de venir fréquemment à Edmonton…

— Ne parlez pas de difficulté pour ceux qui restent, André, je viendrai, soyez tranquille à ce sujet.

— Merci ! Maintenant ne parlons plus de cela.

La situation va peut-être s’améliorer : s’apprêter à partir en guerre quand les autres en reviennent victorieux serait ridicule…

15 août.

Une lettre de vous, Gérard, et quelle lettre !…

Mon ami, mon fiancé, comment traduire l’émotion indicible que m’ont causée ces lignes écrites