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COMME JADIS…

— Il faut t’attendre, ma chérie, à de grands retards dans les courriers. Je me suis informée, parce que je te voyais inquiète de ne rien recevoir… Il est assez difficile aux soldats qui sont « sur la ligne de feu » de donner de leurs nouvelles… Ne me regarde pas ainsi… Oui, je sais, c’est une cruelle épreuve… Il faut accepter… Prier, beaucoup prier… te souvenir de quel courage cette parente, qui vous a réunis de si miraculeuse façon, faisait preuve dans une semblable situation… Sois une vraie Herminie de Lavernes…

Je quitterai donc Edmonton à la fin de la semaine, même plus tôt, si un courrier me parvient. Ma présence est sûrement nécessaire là-haut. Henriette m’a envoyé un pauvre mot troublé pour me dire que son mari a enfin consenti à rester. Malheureusement son caractère déjà difficile s’est aigri ; un rien le contrarie, tout l’irrite.

— « Si vous étiez ici, Minnie… »

J’ai répondu par l’annonce de mon arrivée prochaine.


Un coup de téléphone m’informe qu’un jeune Français établi sur un homestead, au Nord, traverse Edmonton et part ce soir pour la France, qu’il se chargera volontiers de la correspondance qu’on voudra lui confier pour mettre à la poste à son arrivée. Ce sera un moyen plus sûr pour que cette lettre vous parvienne.