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Page:Michelet - Comme jadis, 1925.djvu/73

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COMME JADIS…


GÉRARD DE NOULAINE
À HERMINIE DE LAVERNES


J’attendais stupidement une réponse quand, l’impression de la distance me revenant, je me rappelle que je ne pourrai vous présenter à temps mes vœux de nouvelle année. Pardonnez-moi : je n’ai, depuis des semaines, consulté le calendrier… Je vous demande de me laisser la joie de remplir un devoir très doux envers vous, ma cousine, cher petit oiseau des neiges dont l’aile légère a effleuré mon ciel noir. Acceptez, je vous en prie, le présent qui devra vous arriver en même temps que cette lettre : il a la valeur des souvenirs que vous et moi lui attribuons… J’ai entendu une bouche sacrilège parler de découdre cette robe, de repasser les plis de la soie précieuse et d’en tendre un boudoir… Je ferme les yeux et je vois vos mains longues et fines comme celles de l’aïeule caresser pieusement l’étoffe aux reflets adoucis par le temps… Je joins à l’envoi quelques livres. Je les ai choisis dans la bibliothèque de Noulaine, me guidant sur ce que je sais déjà de votre jeune esprit. Les uns appartiennent à notre vieille littérature, les autres à la moderne ; les uns et les autres ne pourront ternir l’éclat de votre âme de cristal, dévelouter l’épiderme de votre sensibilité merveilleuse.

Au revoir, petite cousine, j’écris ce mot à la