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HISTOIRE DE FRANCE.

des Édues[1]. Mais les Nerviens, soutenus par les Atrebates et les Veromandui, surprirent l’armée romaine en marche, au bord de la Sambre, dans la profondeur de leurs forêts, et se crurent au moment de la détruire. César fut obligé de saisir une enseigne et de se porter lui-même en avant : ce brave peuple fut exterminé. Leurs alliés, les Cimbres, qui occupaient Aduat (Namur ?), effrayés des ouvrages dont César entourait leur ville, feignirent de se rendre, jetèrent une partie de leurs armes du haut des murs, et avec le reste attaquèrent les Romains. César en vendit comme esclaves cinquante-trois mille.

Ne cachant plus alors le projet de soumettre la Gaule, il entreprit la réduction de toutes les tribus des rivages. Il perça les forêts et les marécages des Ménapes et des Morins (Zélande et Gueldre, Gand, Bruges, Boulogne) ; un de ses lieutenants soumit les Unelles, Éburoviens et Lexoviens (Coutances, Évreux, Lisieux) ; un autre, le jeune Crassus, conquit l’Aquitaine, quoique les barbares eussent appelé d’Espagne les vieux compagnons de Sertorius[2]. César lui-même attaqua les Vénètes et autres tribus de notre Bretagne. Ce peuple amphibie n’habitait ni sur la terre ni sur les eaux ; leurs forts, dans des presqu’îles inondées et abandonnées tour à tour par le flux, ne pouvaient être assiégés ni par terre ni par mer. Les

  1. Jusqu’à l’expédition de Bretagne, nous voyons le divitiac des Édues accompagner partout César, qui sans doute leur faisait croire qu’il rétablirait dans la Belgique l’influence du parti éduen, c’est-à-dire druidique et populaire.
  2. Cæsar.