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HISTOIRE DE FRANCE.

porte[1]. Les Gaulois passaient les Alpes en foule, et non-seulement avec César sous les aigles des légions, mais comme médecins[2], comme rhéteurs. C’est déjà le génie de Montpellier, de Bordeaux, Aix, Toulouse, etc. ; tendance toute positive, toute pratique ; peu de philosophes. Ces Gaulois du Midi (il ne peut s’agir encore de ceux du Nord), vifs, intrigants, tels que nous les voyons toujours, devaient faire fortune et comme beaux parleurs et comme mimes ; ils donnèrent à Rome son Roscius. Cependant ils réussissaient dans les genres plus sérieux. Un Gaulois, Trogue-Pompée, écrit la première histoire universelle ; un Gaulois, Pétronius Arbiter[3], crée le genre du roman. D’autres rivalisent avec les plus grands poètes de Rome ; nommons seulement Varro Atacinus, des environs de Carcassonne, et Cornélius Gallus, natif de Fréjus, ami de Virgile. Le vrai génie de la France, le génie oratoire, éclatait en même temps. Cette jeune puissance de la parole gauloise domina, dès sa naissance, Rome elle-même. Les Romains prirent volontiers des Gaulois pour maîtres, même dans leur

  1. habit, et autant pour l’ornement d’or. » Tacit. Vit. Agricol., c. iv : « Arcebat eum (Agricolam) ab inlecebris peccantium, præter ipsius bonam integramque naturam, quod statim parvulus sedem ac magistram studiorum Massiliam habuerit, locum græca comitate et provinciali parcimonia mixtum ac bene compositum. » — On trouve dans Athénée, l. XII, c. v, un proverbe qui semble contredire ces autorités (πλεύσαις είς Μασσαλίαν).
  2. Pline en cite trois, qui eurent une vogue prodigieuse au premier siècle ; l’un d’eux donna un million pour réparer les fortifications de sa ville natale.
  3. Né près de Marseille.